Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
These boots are made for walkin' - The Montana's Ranch
Derniers commentaires
10 février 2009

Les mots faits d'émaux, je les aime hauts ...

... où l'art de la langue vaut mieux que larde l'allant gueux.

C'est par ces mots que je souhaite partager, dans le présent billet et avec vous, mes chers amis, ma grande passion pour notre langue maternelle et sa richesse tant méconnue, de plus en plus malmenée par les évolutions urbaines où l'on favorise désormais la facilité et les raccourcis menant au seuil de l'illettrisme entendu mais dont se targueront les âmes bien pensantes, néanmoins élitistes, croyant fonder ainsi une société diversifiée qui réussit (zyvaaaa !). Attention, il ne s'agit pas pour moi de favoriser à mon tour l'élitisme, et vous savez désormais ce que je pense des élites, mais que chacun, sur un même pied d'égalité, arrive à apprécier ce trésor un peu laissé à l'abandon. Vous me direz, si Montaigne devait faire un voyage dans le futur et débarquer de nos jours, il trouverait sûrement que nos grammairiens parlent gras mais rien en regard de son époque. Bon, on s'en fout, c'est pas le but de ce bifton pour lequel j'espère vous prendrez votre temps autant que de plaisir car il ne va pas être court (et plus c'est long plus c'est bon dit-on, alors).

Eh oui, vous l'aurez compris ce billet est dédié à un style que j'adule, le calembour et ses dérivés après que l'amie Ariana nous ait rappelé l'existence des oxymorons. Ainsi vous aurez droit à toute la panoplie des "jeux de mots laids pour jambettes" mais également les contrepèteries, les anagrammes et autres drôleries de notre langue, et pourquoi pas des mots complètement désuets en passe d'être totalement oubliés. Et donc, dans le présent billet, je m'interdirai ainsi toute forme angliciste, franglaise ou estrangère. OK, pas de farniente et tutti quanti, ch'uis pas maboul (merd'huile, trop tard, je me suis trahi).

Commençons par une rareté de notre langue. Si je vous dis "Allez vous faire encuser", croyez-vous que ce soit une insulte ? pas évident hein ? Encore faudrait-il avoir quelque chose à se reprocher et ainsi faire que son méat coule pas (trop tentant, fallait que je la place celle-là). Trêve de billevesée ou autre coquecigrue, on ne peut pas se faire encuser puisque, par principe, on s'encuse soi-même. Par exemple, si je commets un crime et vais me dénoncer, je m'encuse (à défaut de m'excuser, ce qui n'est toutefois pas exclu). Eh oui, c'est toute la différence avec un accusé qui ne l'est justement que par le jugement d'autrui. Mais si maintenant, en tant que témoin, je clame au juge "c'est cette espèce d'encusé que vous lavez profondément ?", eh bien là, c'est une invitation à parcourir la rubrique suivante puisque je viens de larguer un contrepet (et non une grosse caisse fumante) sous vos narines. Ne vous inquiétez pas, ces dernières n'en feront pas tomber votre nez, seules vos esgourdes risquent d'être estourbies sous condition qu'elles soient sensibles aux obscénités.

Et donc cette nouvelle rubrique est consacrée au contrepet (ou contrepèterie). Cet art consiste à inverser dans une même phrase deux ou plusieurs sons provenant de consonnes, voyelles, syllabes ou liaisons dans le SEUL but est de produire une nouvelle phrase à caractère exclusivement obscène. MAIS là où le contrepet devient un art, c'est de ne JAMAIS dévoiler la solution et laisser au lecteur le plaisir de sa découverte. Bien sûr, tout le monde connaît le classique et enfantin "empiler des culottes", mais si je vous dis "le contremaître n'apprécie pas la philanthropie de l'ouvrier charpentier", là on entre dans le saint des saints de l'art du contrepet. Allez, je vous aide au moins pour un mot dans cette dernière phrase. "Philanthropie" donnera "Thripanpholie". Mouais, écrit comme ça, ça ne veut rien dire mais si je ne me sers que des sons, cela donnera "Tripe en folie". Oui mais que devient l'ouvrier charpentier ? Eh bien si sa tripe est en folie, je vous laisse subodorer ce qui en découle. Si cet art vous passionne autant qu'à moi, je ne saurais trop vous conseiller d'acquérir au plus tôt "L'art du contrepet" de Luc Etienne, une bible en la matière, ou son immense "Album de la comtesse" que le Canard Enchaîné a repris à son compte (ben oui, pas à son comte, non mais). Il est d'ailleurs bien connu que la comtesse est folle de la messe.

Album_de_la_comtesse canardcomtesse
Je vous recommande de cliquer pour agrandir,
surtout la deuxième image

Les esprits biscornus comme le mien pousseront même leur folie des mots à créer de véritables anagrammes contrapétiques. Je vous offre ma plus belle création en la matière : "J'ai occupé les calèches de Melbourne" (copyright Serge Montana 1978). Dans cette nouvelle forme, CHAQUE son est utilisé dans un ordre différent pour créer une nouvelle phrase (en temps normal, l'anagramme ne consiste qu'en déplacement de lettres pour obtenir un nouveau mot). Si vous avez trouvé la solution, vous aurez mon admiration éternelle. Je ne connais qu'une personne qui jusqu'à présent l'a découverte. Bon courage les amis mais comme je suis gentil (et à la fois taquin), je ne vous la donnerai qu'après moults commentaires. Parmi les anagrammes contrapétiques célèbres, en voici un historique peu obscène dont je vous donne la solution : "Métropolitain" devient "Pétain mollit trop". C'est pas l' tout d' jacter, faut-il encore assumer sa menteuse.

Eh ouais, puisque je parlais de l'évolution urbaine du langage en début de billet, comment ne pas faire référence à un style délicieux en passe de disparaître de notre paysage parlé : l'argot. Pas celui usité de nos jours que je pourrais qualifier de "métissé" et qui ne sonne juste qu'aux oreilles des jeunes générations dites chébran. Non, je parle bien du langage "apache", celui de la truande qui fleure bon l'accent de Paname et la java de temps jadis où on trémoussait du popotin et on jouait du surin, et plus particulièrement au siècle dernier à ses débuts. Un argot qu'on a pu savourer dans des fresques cinématographiques telles que "Casque d'Or" qui ont inévitablement inspiré des dialoguistes aussi réputés que Michel Audiard dont je vous invite à cliquer sur son lien pour déguster ses meilleures tirades. Avant de passer à la rubrique suivante, permettez-moi d'en citer une "tout de mon cru" : "L'aut' gonze s'est fait ratiboiser la colline chez mon poteau l' merlan, mais au moment d' passer à la caisse et déballer son artiche, il a décarré fissa. Faut croire qu'il avait deux oursins l' gus, un dans l' morlingue et l'aut' dans son bénard". Bon, là, pas de problème de compréhension, ça devrait rouler tout seul pour vous.

Et puis tiens, puisqu'on est dans l'historique et que le titre de mon présent billet vous invite au calembour sur lequel je terminerai celui-ci, en voici un célèbre qu'inévitablement vos profs de français n'auront jamais omis de vous citer : "Gal, amant de la reine à l'atour magnanime, alla galamment de l'arène à la Tour Magne à Nîmes" (Victor Hugo). Touts ces grands maîtres de la littérature, depuis Rabelais, qui nous ont légué leurs trésors, auront alors inspiré un de mes maîtres à penser qu'à force de vous citer, vous savez enfin qui il est, mon bonhomme, mon gros nounours à moi, mon père spirituel, colocataire avec mon éternel Gainsbourg dans mes pensées, Boby (ou Bobby, les deux sont valables) Lapointe.

bobyportrait

Je vous dédie donc, contrairement à toi qui n'as pas tout dit à ta Doudou ("T'as pas, t'as pas tout dit" - Boby Lapointe), sa chanson "Je suis né au Chili", musique et paroles dont ces dernières contiennent de sacrées subtilités culinaires pour lesquelles, si vous ne les avez pas complètement subodorées, je vous donnerai la traduction au cours des commentaires.

Je suis né au Chili
Maman était au lit
Et mon Papa auchi,
Mais il n'y resta pas
Car maman le tapa
Et Papa s'épata (Ah !)
Il lui dit : le fait est
Que nous allons fêter
L'enfant que je t'ai fait.
Il but tant de pots tôt
Qu'il buta à un poteau
Et typez le topo :

Maman dans le coma,
Papa dans le moka
Et moi né comako :
Tout noué, tout ténu,
Tout menu et tout nu,
Né tout nu ça nous tue
Car, de mon corps pâlot,
L' soleil bouffait la peau
Sans vous, belle Paula,
Qui de vos mains de fée
En cette fin de mai
Me graissates le derch'me.

Et je veux rendre à ma façon
Grâce à votre graisse à masser,
Votre saindoux pour le corps c'est
Ce que mes vers pour l'âme sont.
De tout ce qu'à ma peau me fîtes,
Combien fus-je épaté de fois !
Combien à vous qui m'épatâtes,
Mon bon petit cœur confus doit !

Absolument pas liée
A vos voisins de palier,
Mais m'entendant piailler
A poil sur la terrasse
Sans chapeau, tête rase,
Sans que je m'arrêtasse.
Enjambant le balcon
En un radical bon,
Vous traitâtes, d'un sale ton,
Ma mère dans le coma,
Mon père dans le moka
Qui me laissaient comako.

Sortant, je ne sais d'où,
Un morceau de saindoux,
Vous massâtes soudain :
Ma peau piètre de vos
Froids doigts sans rides,
Vos belles mains,
C'est de vos si
Jolies phalanges ouatées
Que vous m'avez oté
Au citron et aux mich', oui,
La douleur qui en douce
N'avait sauté qu'aux s'cousses
Etranges de vos frictions

De tout ce qu'à ma peau me fîtes,
Combien fus-je épaté de fois,
Combien à vous qui m'épatâtes
Mon bon petit cœur confus doit.
Et j'ai rendu à ma façon
Grâce à votre graisse à masser,
Votre saindoux pour le corps c'est
Ce que mes vers pour l'âme sont.

Le français est une langue qui résonne (Daniel Balavoine)
Le français, une si délicieuse langue que j'aime comme une fiancée (Serge Montana)

Publicité
Commentaires
M
Yeeeeeepppaaaaaaaaaaa ROUK1, yesssss !!!!<br /> <br /> Ca c'est sûr qu'il va y avoir des choses à raconter dans les événements passés et à venir ET en particulier le mois de Mai qui va être le plus HOT de l'année, surtout DEUX soirs d'affilée. De sacrés billets en perspective !!! Allez, on ne dit rien, rien que pour voir jusqu'où ira la curiosité des lecteurs comme j'ai déjà parlé de cet événement auparavant ;))<br /> <br /> Merci pour ton petit poème qui me touche particulièrement ;))
R
Je porte bien haut,<br /> Mon verre d'eau,<br /> Aux délires verbaux<br /> De mon ami Montano<br /> <br /> Eté comme hiver<br /> Sans pantoufles de vair<br /> Il y a du savoir faire<br /> Dans ses sujets divers<br /> <br /> Je porte ici bas<br /> Mon ver de téquila<br /> A la santé de Montana
M
@Zano : Eh oui, déjà cité par Sissi ci-dessus :)))
Z
Je connais une fameuse contrepèterie belge : L'été sera beau et chaud.
M
@Dominique : D'ailleurs ce mouvement dont tu parles est très inspiré par les fluctuations boursières des fameux Gaules d'N Boys de Wall Street dont la "devise" bien connue dans la chanson paillarde de potaches dit ceci :<br /> <br /> "Moi j'avance, toi tu recules, comment veux-tu, comment veux-tu que je spécule ? Lâche à l'heure de tes niches, on fait gonfler mon soucis, son !"<br /> <br /> @Ariana : En effet, tu as une heure en moins par rapport à Delphine. J'ai également remarqué que certains états étaient découpés en deux à ce niveau.<br /> <br /> Ainsi me suis-je fait avoir quand je suis allé à Nashville pour la première fois, venant d'Atlanta. Arrivé en fin de journée, ça n'a pas eu grand effet sur mon activité nocturne. En revanche, le lendemain, j'ai prévu de visiter le Ryman Auditorium, le fameux ancien Grand Ole Opry. Personne sur le parking, chouette, je me dirige vers l'entrée de ce lieu mythique. Les portes sont fermées et je vois que pourtant, il est bien indiqué que ça ouvre à 09:00 AM, je suis donc à l'heure. Je réfléchis, nous ne sommes pas un jour férié, c'est normalement ouvert 7j/7 et instinctivement ma tête se tourne vers le CVC (Convention & Visitors Center) qui affiche 08:00 AM. Face à mon étonnement, le gardien des lieux, un monsieur âgé assis dans un transat que je n'avais pas remarqué dans mon enthousiasme, comprend la situation et me dit :<br /> "Vous devez être touriste, d'où vous venez ?"<br /> "De France"<br /> "Ok, mais de quelle ville aux US ?"<br /> "Atlanta"<br /> "Il y a une heure en moins avec Atlanta"<br /> <br /> En tout cas, je tire mon chapeau à ceux qui jonglent sur les horaires quand ils sont limitrophes d'une autre zone entre leur boulot, l'école des gamins, certaines administrations, etc ...<br /> <br /> @Tous : COMPLEMENT avec quelques contrepèteries créees au gré du vent, obscènes ou pas.<br /> <br /> Ce matin, je regardais la télé quand je suis tombé sur le point météo de la 2 avec Valérie Alexandre. Eh bien, cette charmante dame ne sait pas que son nom est une contrepèterie. Eh oui :<br /> <br /> Vas les rendre Alexis ;))<br /> <br /> Et puis d'autres simples :<br /> France Inter - Frère Intense<br /> France Info - Frein s'en faut ou Frein sans faux<br /> FIP - PIF<br /> Radio France - Rafiot cendre<br /> <br /> Et une salace en cadeau pour Sissi qui a trouvé l'anagramme contrapétique :<br /> Les suisses vont voir les fous de Bâle en train<br /> :)=)
Publicité