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These boots are made for walkin' - The Montana's Ranch
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6 février 2010

La bohème

Howdy !

Vous serez sans doute étonnés que je commence ce billet par la fin en vous proposant cette chanson de Charles Aznavour dont la conclusion résumera tout ce dont je vais vous parler. Mais je voulais encore rester un peu dans la tripe du billet précédent en évoquant une époque où la chanson n'était pas encore cet art mineur décrié par Serge Gainsbourg comme on le verra plus loin, ce qu'on pourrait appeler la chanson de papa. Ainsi pourrais-je remonter l'Histoire jusqu'à l'époque des trouvères et ménestrels du temps jadis, mais je ne me cantonnerai qu'à la première moitié du siècle dernier quand, pour rester contemporain, les premiers supports multimédias firent leur apparition, soit au son du phonographe, soit à celui du cinéma. Je vous livre donc toutes les oeuvres suivantes avec une grande émotion et la nostalgie de ce qui fût de la belle chanson d'hier où une relève digne de ce nom n'a pas encore été assurée de nos jours.

Même si la province n'était pas en reste quant à ses grands artistes tels que le marseillais Vincent Scotto, père de l'opérette moderne, la bohème, puisque c'est bien de cela dont il s'agit dans ce billet, vivait ses heures de gloire comme de misère à Paris où le paradoxal huppé Montparnasse des désargentés Modigliani, Foujita ou Picasso laissera le champ libre au populaire Montmartre qui, à son tour et petit à petit, viendra reflirter aux abords de ce premier quartier, du côté de St Germain des Près. Ah Paname ! Ce qu'on a pu te chanter !

Commençons donc par Montmartre avec une très belle chanson interprétée par Patachou qui aura prêté sa voix à l'actrice de l'immense chef-d'oeuvre de Jean Renoir, "French Cancan" (1954), avec Jean Gabin, Françoise Arnoul et Philippe Clay à qui je trouvais une grande ressemblance dans sa jeunesse avec mon Gainsbourg.

Comment parler de Montmartre sans évoquer Aristide Bruant qui fut un de ses plus grands chantres. S'il était connu pour ses oeuvres immortelles telles que "Rue St Vincent", "Le chat noir", lieu artistique mythique où il fallait être pour essayer de faire sa fortune, ou le célèbre "Nini peau de chien", voici une chanson moins connue qui prête à la paillardise, tout à fait soft néanmoins.

aristide_bruant

Ceux qui, comme Madame et moi, ont eu le plaisir de voir le film "Gainsbourg - Vie Héroïque" de Johan Sfar, se souviendront de la rencontre de mon Maître avec Fréhel, l'une des plus grandes icônes de Montmartre. Je ne vais donc pas vous proposer la chanson du film, ni même la célèbre "Java Bleue" qui fut son plus grand "tube" mais une série de titres, pas seulement interprétés par elle seule, mais également par d'autres figures légendaires telles que Damia et Edith Piaf. Dans la séquence qui suit, se mêleront des chansons qui risquent sans doute de vous choquer à l'heure de ce fameux débat qui déchaîne les passions (on essaiera de ne pas buzzer dessus SVP et ne rester qu'au niveau artistique). Mais il faut voir qu'elles s'inscrivaient dans un contexte d'une époque où, pour échapper au bagne après avoir tenté sa chance dans la truande à coups d'eustache ou de surin, il ne restait que la marine marchande ou la Légion pour s'en sortir honorablement.

frehel damia Piaf

Dans les commentaires du billet précédent, avec les amis Legio et Jack, nous évoquions Jean Ferrat. Avant qu'il n'entre en engagement politique quasi permanent dans ses chansons post-68ardes, il était de ceux pour qui chanter Paris relevait encore de la bohème avant qu'il ne déclare lui-même à juste titre qu'il était un produit fromager du show-biz dans sa chanson "La voix lactée (S.G.D.G.)". Alors avant d'arriver au sujet de l'art mineur qu'est la chanson selon Gainsbourg, restons encore un peu dans cet esprit bohème avant qu'il ne devint bourgeois bien conscient et dirigiste comme de nos jours. Je regrette juste de n'avoir pas trouvé l'orchestration originale de la chanson suivante qui a été remastérisée. Tant pis, mais ce sont bien ses paroles qui évoquent en moi un Paris perdu et si sa fin pouvait sonner  comme une prophétie en ce qui me concerne il y a encore quelques années, moi qui y suis né, quand je vois ce que cette ville devient quant à ce qu'elle fut, comment ne pas retenir ses larmes ?

ferrat

Pour enfin introduire cette notion d'art mineur et voir comment la chanson a évolué, voici à présent une oeuvre de Léo Ferré, un des derniers chantres de ce que fut St Germain des Près, par la voix des Frères Jacques dont je vous avais proposé une vidéo dans le billet précédent. Juste une petite virgule rigolote et hors sujet avant de poursuivre. Saviez-vous qu'on entend "Frère Jacques" dans la chanson des Beatles "Paperback writer" ? Non ? Alors, je vous laisse chercher ce titre et à partir du second couplet, écoutez bien les choeurs chantés par John Lennon et George Harrison. Eh bien, si déjà à cette époque, la chanson était mécanisée, l'esprit créatif des Beatles avait gardé une authenticité bien acoustique.

ferre1 freres_jacques

J'ai longtemps cherché cette chanson car, si je n'ai jamais été un féru de Ferré pour m'avaler toute sa discographie, je l'ai encore en mémoire pour l'avoir étudiée en cours de français dans mes années collège avec un prof génial qui avait plus une bonhommie à la Jean Constantin que l'allure des sinistres blouses grises de cette époque. Sacré gars que ce prof doté d'un humour féroce et d'un sens artistique qui donnait sacrément envie. Grâce à l'étude de cette chanson, je n'ai pas été surpris plus que cela quand mon Maître s'en est pris avec toute la vigueur méritée à cet éternel trou de balle de Guy Béart, le chantre de l'opportunisme et de la pédanterie à toute époque. Cette enflure de fils à papa qui s'est toujours affirmé poète, qui croyait avoir le monopole de la poésie (comme l'autre nase de Bernard Lavilliers), et qui soufflait le chaud et le froid politique, notamment lors des veillées de Noel à la télévision où il faisait la part belle à des "révolutionnaires" de papier. Il affirme bien dans cette vidéo que la chanson ne peut être un art mineur sinon "je ne serais pas là". C'est vrai, que serait la chanson française sans toi, pauvre con ? Je vous laisse déguster ce grand moment d'anthologie :

D'ailleurs, on va pouvoir constater de visu la suffisance de ce péteux de Guy Béart, alors que la chanson française de la bohème mourrait de sa belle mort au profit d'une nouvelle tendance, venue d'outre-Atlantique mais qui s'en est tout de même inspirée grâce notamment au jazz et au blues où St Germain des Prés leur avait fait la part belle. Le rock'n'roll donc, désormais exploité en France sous le nom de Yéyé par un showbiz qui a tué la chanson au profit de produits jetables, prend le pas sur ce qu'il reste de Paname. Et donc Béart, l'idiot utile de la chanson, voulait mettre en balance le twist et le tango (il n'avait vraiment que ça à faire ce con) alors que dans l'essence même de ces danses, n'y a-t-il pas un même but de séduction et d'évocateur déhanchement ... comme toute danse en définitive ?


TWist & Tango

Eh oui, lamentable ! Comme si "la Javanaise" de Gainsbourg ou "la Valse à mille temps" de Brel étaient des tangos. Bref, la suite est moins drôle, voire carrément pathétique pour la chanson française. Et là ...

Sheila_Ringo charlots_1 rap

... je me dis, afin de paraphraser Aznavour, eh oui les amis, la bohème, ça ne veut plus rien dire du tout.

amedeo_modigliani

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Commentaires
L
Depuis Février pas un coup de gueule, pas un coup de coeur, je me sens orphelin.....J'espère que tout va bien....amicalement.
L
Dis donc Gwen a raison, allez quoi un petit effort et pis LGC c'est pareil...mettez vous à deux.....Bon on vous embrasse tout de même....
G
... à bien faire ton silence, vos silences ! C'est que nous sommes là à attendre comme Soeur Anne, et nous ne voyons rien venir !<br /> Aie pitié de nous Montana...<br /> Gwen
G
Howdy ! how are you ? What happens ?<br /> Nous attendons des nouvelles<br /> Gwen
M
Merci Barbara.<br /> Aaaah, si j'avais du temps, ce ne sont pas les sujets qui manquent pour dire les choses.<br /> Je bosse sur un projet qui me pompe tout mon temps, et arrivé le week-end, j'ai vraiment envie de faire autre chose.<br /> J'avais commencé un billet sur deux séries qui m'ont passionné mais un bête accident de frappe a bousillé tout mon article. Bref, les boules et peu de temps pour le réécrire.<br /> Les deux séries en question sont :<br /> "Mad men" et "Sons of Anarchy", un délice chacune. Je te les conseille ;)
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