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These boots are made for walkin' - The Montana's Ranch
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24 juin 2009

Assez moucaté ! - 1

Oté lé zami !

Non, non, je ne suis pas entrain de vous parlez en martien primaire, et contrairement à mon introduction, je ne vous demande pas de partir. Alors traduction dans mon langage montanien : "Howdy friends !". Eh oui, ça veut dire exactement la même chose, et dans la langue de Molière : "Salut les amis !". Il fallait bien que je commence par cela pour vous parler d'un pays qui me tient à coeur depuis 1979 où je l'ai visité. Je pourrais en parler comme d'un département puisque c'en est bien un, mais je tiens, tout comme ses habitants, à bien employer le terme de pays, et même de p'tit pays, puisqu'il s'agit de l'Ile de la Réunion. Je dédie d'ailleurs cette série de billets à notre ami Le Coach qui, je l'espère, vous dira le pourquoi de cette dédicace. Oui, j'ai bien dit série car pour parler de la Réunion, un seul billet ne me suffira pas.

carte_la_reunion

Je ne vais pas me lancer dans une présentation de cette île merveilleuse, les guides et sites touristiques, et autres Wiki feront ça mieux que moi. Je vais vous livrer plutôt mes impressions et ce que j'y ai découvert via des petits anecdotes. Allé, mi emmène à ou ! (allez, je vous emmène).

Je ne connaissais de la Réunion, jusqu'avant mon départ là-bas, que ce que me racontaient des amis qui étaient, soit originaires du p'tit pays, soit partis dans le cadre de leur métier dans la Marine Nationale. A cette époque, pas d'internet pour repérer les lieux et voir des photos. Tout ce que je savais de la géographie de cette île, c'était sa forme, ses cirques, sa végétation et son volcan (et ses jolies filles) que je découvrais au travers des chansons du cru que mes amis me faisaient écouter.

sega_r_union

Le 747 survole l'île et ma première impression est, qu'en lieu et place des longues plages de sable blanc comme durant le survol des Seychelles, quelques heures avant, je vois l'énorme masse verte de la végétation et surtout de la montagne. Mais où sont les plages ? Le Jumbo approche de la piste de l'aéroport de Gillot et là, petite panique, l'avion fait un brusque demi-tour à quelques dizaines de mètres du sol et dérape sur le tarmac en se posant. J'apprendrai par les voisins qui n'ont pas l'air de s'affoler que c'est toujours comme ça à l'arrivée. C'était encore le cas en 79 avant la nouvelle piste construite depuis sur la mer, comme à cette époque, c'était ça ou se gauffrer dans la montagne.

Je voyageais avec un pote dont le frangin bossait comme pédiatre là-bas. Nous voila partis de St Denis, via la route du littoral jusqu'à St Louis. Ma première impression est confirmée. En dehors de St Gilles les Bains, mais où sont les plages ? La vue sur la mer, parfois battante sur les avancées rocheuses d'origine volcanique, est magnifique avec aucune autre terre à l'horizon. Autre impression bizarre alors que nous avons quitté depuis un bon moment le dense flot de circulation de la capitale, des hommes sur le bas côté de la route sont là, accroupis, à regarder passer les bagnoles et nous suivent du regard. Notre chauffeur nous dit de ne pas nous alarmer, ça fait partie du décorum, ce sont tout simplement ... des chômeurs.

Barachois

Puis nous arrivons enfin à St Louis, traversons un bidonville où, malgré tout, coule une petite rivière toute propre. Là encore, les autochtones nous suivent du regard malgré notre vieille coccinelle verte toute cabossée, essentiellement des enfants et des jeunes gens, des marmailles comme on dit là-bas. Et voici enfin l'hôpital d'enfants où travaille notre chauffeur et où se trouve la maison que nous allons occuper durant les cinq prochaines semaines, au coeur d'une végétation luxuriante et très colorée. Nous n'avons juste que le temps de déposer nos valoches que nous voila repartis comme nous sommes invités pour une fête organisée par le maire de la Ravine des Cabris. En fait, j'apprendrai que nous allions à une espèce de mini "Fête de l'Huma", comme le rouge était la couleur politiquement majoritaire (communistes tendance stalinienne et ils le revendiquent) de St Louis et ses environs. Le maire et sa famille sont d'origine Malabar (côte sud-ouest de l'Inde) mais là-bas on dit "Malbar".

Flamboyant1 Flamboyant2

1ère surprise, l'orchestre qui joue est celui de Michel Admette, une star réunionnaise de la chanson de l'époque et il s'avère que je connais certains des morceaux. 2ème surprise, le maire nous offre en apéro des tout petits beignets de la taille d'une pièce de monnaie. Ouatch, ça arrache la gueule mais ça va, c'est encore supportable. Il nous dit que ce sont des "bonbons-piments", je comprends mieux donc. 3ème surprise, toujours le maire qui nous offre cette fois un petit sandwich pour éteindre le feu du bonbon-piment. Je croque dedans sans réfléchir, et là, je n'ai plus la bouche en feu mais carrément incandescente suivi d'un monumental hocquet. C'était un sandwich au "achard de légumes" où le piment est majoritaire (il existe de nombreuses recettes sur internet, un régal ... quand on a pris l'habitude). Les gens autour de nous se marrent et nous disent : "Vous voila enfin baptisés réunionnais, vous avez bien mérité une Bourbon". Là, je m'attends au pire après les deux premières surprises culinaires car je pense inévitablement au whiskey US. Mais non, la Bourbon est une bière très parfumée qui nous est servie bien glacée (J'EN VEEEEEUUUX !). Par la suite, les bonbons-piments et autres samoussas étaient déjà plus supportables, et je ne vous parle pas des caris et rougails, ça n'est encore qu'un début.

bonbonpimentachard_legumes_reunionbourbon

Voici donc pour les très bonnes surprises du premier jour. Ok, j'ai passé cinq semaines à la Réunion, et si j'étais tenté de vous pondre un billet par jour que j'ai passé là-bas, vous n'auriez qu'une seule envie, c'est d'acheter illico un billet et vous y rendre dare-dare pour vous rendre compte par vous-mêmes. Et je vous assure que ça vaut plus que largement le détour (et si vous pensez Club Med, préparez illico votre entrejambe pour y accueillir à coups de lattes la pointe de mes western boots).

Après un peu de tourisme, voici un laïus sur les diverses populations (c'est vrai que les filles sont très belles là-bas) de la Réunion. Comme ça, quand j'en parlerai dans les prochains billets, vous serez déjà affranchis :

Les malbars : Originaires du sud-ouest de l'Inde, essentiellement hindouistes au niveau religieux
Les cafres : Descendants des esclaves pour la plupart, originaires de la côte orientale de l'Afrique
Les sinois : Là je le dis en créole réunionnais, mais ce sont bien les chinois. Ils ont quasiment le monopole de l'alimentation là-bas
Les zarabs : Majoritairement d'origine pakistanaise, ils sont comme leur nom peut le signifier, musulmans. En règle générale, ils n'aiment pas se mélanger à la population non-zarab. A l'instar des chinois, ils ont quasiment le monopole du textile.
Les p'tits blancs les hauts : Descendants des anciens colons français (bretons essentiellement), ils habitent dans les hauteurs de l'île. Grand problème pour eux, ils ne se mariaient qu'entre eux et la cosanguinité a généré pas mal de tares dont on voit encore quelques séquelles sur certains. Ils ont fini par accepter la mixité sous peine du pire.
Les créoles : Eux sont les anciens exploitants d'esclaves et les principaux propriétaires terriens de l'île, notamment les plantations de cannes à sucre et l'agriculture dont ils ont le monople. A l'instar des békés aux Antilles, rien ne se passe là-bas sans leur consentement (enfoirés !).

Ah oui ! J'allais oublier les Zoreils (ou Zoreilles). Les origines de ce mot en rapport avec les oreilles sont très nombreuses, mais il désignent essentiellement les métropolitains ... et donc pas des natifs de la Réunion.

Comme vous l'aurez compris, la mixité est prépondérante là-bas, une grande partie de la population est métis. On pourrait donc dire que le racisme n'existe pas là-bas. Si c'était, semble-t-il, le cas en 1979, il s'avère que depuis quelques années, le communautarisme a gagné du terrain, ce qui est un véritable drame d'autant qu'il est très marqué dans certaines zones sensibles comme le Quartier du Chaudron dans la périphérie de St Denis, la capitale de l'île, qui a connu de terribles scènes d'émeute en 1991, notamment à cause du chômage.

lareunion_emeute

Et puisque je parle de mixité et d'anecdotes sur mon voyage, pour finir ce billet, en voila une bien sympa qui s'est produite à la veille de notre retour en métropole :

Nous étions allés dans une discothèque. Euh bon, il faut entendre par discothèque en 79, non pas une boîte de nuit couverte comme dans les grandes villes touristiques comme St Denis ou St Pierre, mais bien un lieu où on passe des disques pour danser. Et là, c'est à ciel ouvert dans la grande cour attenante à "l'épicerie du coin" et la piste de danse est en béton, entourée de lampions. De grandes tables en bois sont installées autour de cette piste. Nous nous asseyons à l'une d'entre elles et sommes rapidement entourés par de très jolies jeunes filles, sûrement curieuses de ne pas connaître nos visages dans le secteur, qui entreprennent, sans retenue, la discussion avec nous. Je joue le jeu avec une fine malbarèz (féminin de malbar) très mignonne aux magnifiques yeux noirs qui m'a abordé direct dont les gestes accompagnent illico ses paroles (vous en déduirez ce que vous voudrez ET vous aurez raison car ce fut bien le cas), surtout au moment de se faire inviter par elle à danser. Mais mon pote n'a d'yeux que pour sa bière glacée malgré qu'une très jolie p'tit-blanc-les-hauts blonde aux yeux bleus tente de lui arracher quelques mots (il est con ou quoi ? oui, je confirme, il est con). Alors que la malbarèz s'apprête à vivre une véritable "histoire d'amour" avec moi, la petite blanche finit par s'énerver contre mon pote (lui-même blanc aux yeux bleus), qui reste toujours autant impassible face à sa bière, en lui balançant ceci :

"C'est quoi ton problème ? Tu ne veux pas sortir avec moi parce que je suis blanche ?"

Fin de l'anecdote. OK, vous allez sûrement penser que nous avions affaire à des prostituées. Eh bien là vous aurez tort car, malgré les mains baladeuses de ces jeunes filles dans la pénombre ou profitant de la danse collé-serré pour en plaquer une au bon endroit (authentique), elles nous disaient bien de rester discrets d'autant que leurs mamans respectives, coiffées de bigoudis et entourées de leur marmaille de frères et soeurs, nous fusillaient du regard. Bref, ce fut du flirt bon enfant uniquement et c'est là que je calme les ardeurs d'éventuels candidats au voyage. Si vous vous attendez à plus, vous pouvez oublier car avant le mariage, pas de pelotage comme dit mon cher beau-père. En effet, la religion a une très grosse influence sur les moeurs là-bas, et on ne plaisante pas avec. Enfin, à l'instar des Antilles, une fois le mariage consommé, tout est permis sous les filaos (résineux réunionnais en bord de plages) ... ou presque ;)))

filaos

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Commentaires
A
ça me fait penser à Erick Ma nana et son solo sur P'tite fleur fanée
M
@LGC : Par Bernica, tu entends le très chouette resto réunionnais à Paris. Pour les lecteurs, le Bernica est une magnifique ravine de la Réunion qui a inspiré le poète Leconte De Lisle. Ca ne me déplairait pas, bien sûr, de retourner là-bas mais il me faudra d'abord un sérieux entraînement physique, n'ayant plus tout à fait les mêmes jambes qu'à mes 22 ans à l'époque. Comme je l'ai dit, la Réunion ça se vit, avec ses yeux et surtout ses jambes.<br /> <br /> @Noisy : Ben, les Dolls sans Thunders, Kane et Nolan, ça n'est plus franchement les Dolls. Mais bon, j'irai écouter les extraits chez Amazon, juste au cas où.
M
y a un nouveau New York Dolls qui est sorti.
L
bon ben même si c'est parfumé d'un peu de nostalgie tout ça, tu m'as donné un peu envie tout de même, et les mecs ? sont-ils aussi abordables ? parce que nous ce qui nous intéresse c'est pas que les nanas ;))<br /> <br /> pas de chance, j'ai jamais eu l'opportunité d'y aller, je ne désespère pas, le Bernica c'est bien beau et bon mais...j'suis même prête à troquer mon JPG, à hypothéquer mon HK Jr et même inscrire mon George chez JPFaucu, qui sait ?
M
@Legio : C'est clair que la Réunion, ça se vit essentiellement avec ses yeux et ses jambes et pas avec une serviette de plage uniquement, sinon il y a Maurice pour cela à 400 bornes en avion. J'ai fait la descente depuis Maïdo dans Mafate jusqu'à la sortie à la ville de Port via la rivière des Galets. Deux jours de marche, les jambes en ruine au bout mais des souvenirs impérissables.<br /> <br /> @Coach : Dans le prochain épisode sur le Réunion, la musique sera plus que largement abordée et j'avais justement pensé à Ziskakan. C'est peut-être pas du rock'n'roll mais le mec, dans son esprit, l'est complètement.<br /> <br /> @Noisy : J'espère que ta mission durera quelques bons jours pour que tu puisses en profiter, surtout, me semble-t-il que tu as de bonnes jambes car elles te seront nécessaires là-bas si tu veux vivre le pays. Tu vas en revenir complètement modifié. Il est rare de rentrer de la Réunion sans une grosse boule dans la gorge. C'est vrai que la durée du voyage peut être rédhibitoire (12 heures de zinc) mais dis-toi que pour l'Australie, tu comptes le double et ça te paraît du coup rapide. Te dire pourquoi je parle de cette île, j'en parlerai sûrement plus longuement dans un futur épisode mais il faut déjà savoir que ce fut mon tout premier voyage aussi loin de chez moi et que c'est là que j'ai appris à ne pas bronzer idiot.<br /> <br /> @Muppets : Je veux être de la partie les gars. Et j'accepte d'être G.M. pour l'occaze. On se lancera dans l'aventure à la poursuite du Miel Vert ... pouet pouet, Noisy, on ne t'en dira pas plus sur le sujet pour le moment. Hein Coach ?<br /> ;))))
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